La plupart des commentaires sont de Louis Thillaye du Boullay. Ils figurent dans une plaquette de présentation de l’église d’Hautot-sur-Seine, et datent du 26 mars 1994.
L’autel, d’un très pur style Louis XV, est sculpté dans du bois de chêne ciré. La face avant est ornée d’un bas-relief représentant “l’Agneau immolé”, couché sur une croix (symbole de la miséricorde de Dieu) posée sur le Livre de l’Apocalypse ; une couronne de feuilles de chêne et d’olivier entrelacées, symboles de la royauté et de la paix de Dieu entoure ce motif. Les angles de l’autel portent quelques épis de blé et grappes de raisins dorés, rappelant le pain et le vin consacrés sur l’autel pendant l’Eucharistie. Le tabernacle, en bois doré, est ornée du même motif, “l’Agneau immolé”.
Au-dessus de l’autel, un retable majeur représente, à sa partie supérieure, la Transfiguration. Il s’agit d’une copie d’un tableau situé au Vatican dont la partie supérieure est peinte par Raphaël ; la partie inférieure est attribuée à l’un de ses élèves, Giulio Romano.
Le retable est encadré par deux pilastres portant chacun un vase pyrogène (le feu, symbole de l’amour) et surmonté d’une croix, passage de la mort terrestre à la vie divine. Au-dessus, un médaillon porté par des ailes d’aigle est frappé des lettres I.H.S. (Jésus Hominum Salvator ou Jésus Sauveur des Hommes).
La tradition reconnaît saint Antonin, dans la statue à gauche de l’autel, tenant dans la main la palme de martyr ; il est vêtu comme un prêtre du XVIIème siècle. A droite de l’autel se trouve la statue de la Vierge Marie portant son Fils ; elle tient dans sa main droite un rouleau, le rouleau des Psaumes, prière par excellence, à laquelle se réfère Marie dans son Magnificat.
Dans le chœur, à droite, une “copie d’époque” du tableau de Raphaël représentant la Vierge et l’Enfant (Don de la famille Bataille, propriétaire du château, vers 1870). L’original de ce tableau se trouve à la pinacothèque de Munich. Les deux motifs, bleu et rouge, sont des croix de consécration de cette église ; une troisième est placée derrière le tableau de la Vierge. Un ange de marbre, don de la famille Lézurier de la Martel, exprime avec grâce une salutation.
Les fenêtres du chœur ont reçu des panneaux de verre losangé où ont été insérés des fragments de vitraux du XVIe siècle. Fenêtre 1 : Calvaire du 3eme quart du XVIe siècle. Fenêtre. 2 : Médaillon avec le monogramme de la Vierge sur un soleil AV.M. entrelacées pour AVe Maria (Bénie sois-tu Marie). Saint Thibaud (fin XVIe siècle) & Saint-Georges (milieu du XVIe siècle).
La “poutre de gloire”, située à la séparation du chœur et de la nef, supporte un Christ en Croix, entouré de Marie, sa Mère, et de saint Jean, apôtre.
Les poutres de la charpente s’encastrent dans le mur à travers des gueules de dragon, comme on en retrouve dans l’église de Saint-Pierre-de-Manneville, sculptées sans doute par des charpentiers normands.
L’autel enveloppe une table d’autel en pierre très ancienne, dont on ignore encore l’origine ainsi que la signification des inscriptions qu’elle porte.
Analyse de Patrice du Boullay (1921-2013) de l’ordre des frères prêcheurs de 1969 :
Les lettres de la dalle, le long du mur, sont très difficiles à déchiffrer, en mauvais état, très difficiles à voir correctement ; un nouvel examen avec une baladeuse pourrait faciliter le travail, avec un jeu de petits miroirs, vu que la vue directe est quasi impossible à partir de l’ouverture de la pierre d’autel. Le calice dessiné a sa base plate, côté latéral de la dalle. Le bord de la coupe est bien incurvé et tourné vers le centre de la dalle. Je pense que les auteurs de ces dessins, coupe et sans doute pains, ont voulu marquer que cette pierre sans doute tombale, servait à la messe. Le pan coupé me laisse croire qu’il s’agit d’une pierre tombale déplacée, correspondant à une autre pierre tombale de même nature ayant un pan coupé symétrique, et dressée debout ; de ce fait il est assez probable qu’il n’y a pas le corps du défunt sous l’autel.
Les deux fresques, qui se font face, au milieu du chœur entre les fenêtres, représente deux apôtres, les évangélistes saint Matthieu, avec un ange et saint Marc, avec un lion.
Si le chœur a conservé un décor vitré simple, la nef a recueilli des vitraux provenant de la chapelle de la commanderie des templiers de Sainte-Vaubourg. Ils datent du XIIIe siècle (la chapelle avait été bénie en 1264). Jusqu'en 1936, ils étaient dispersés dans l'édifice. Jean Lafond et Alfred Ruedolf les firent remonter dans les fenêtres de la nef. Ils ont été classés Monuments Historiques en 1972. Ils représentent des templiers. Ils représentent, à droite, “Jacques le clavier”, économe qui détient les clefs, et de l’autre côté, « Frère Roger » un moine ou un chevalier en prière. Les douze autres vitraux qui ornaient cette chapelle ont été rassemblés dans la Commanderie de Villedieu lès Maurepas, près de Trappes.
Bulletin de la commission des antiquités de Seine Inférieure (Tome XIX 1939) :
Séance du 13 février 1936
M. Jean Lafond présente plusieurs photographies des vitraux d'Hautot-sur-Seine, pour la conservation desquels il obtient de la Commission le vote d'un vœu ainsi formulé : « La Commission émet le vœu que les vitraux du chevet de l'église d'Hautot-sur-Seine soient remis en plomb le plus tôt possible, et qu'on profite de cette occasion pour présenter d'une façon plus favorable les précieux fragments du XIIIe siècle provenant de la Commanderie de Sainte-Vaubourg. » Ces différents morceaux, œuvres du troisième quart du XIIIe siècle (l'église de Sainte-Vaubourg a été consacrée en 1264), comprennent: deux belles grisailles de dessus différents, avec bordure aux armes de Castille, un « fermaillet », un fragment de médaillon contenant trois têtes d'homme, et un panneau parfaitement conservé qui nous garde le portrait d'un Templier normand: Frère Jakes Le Clavier (c'est-à-dire le portier) et non Frère Jehan, comme il a été indiqué dans le tome III des Procès-verbaux de la Commission des Antiquités, page 7.
Bulletin de la commission des antiquités de Seine Inférieure (Tome XIX 1939) :
Séance du 10 décembre 1936
Découverte des vitraux de la Commanderie de Sainte-Vaubourg à l'Abbaye de Saint-Denis, par M. Jean Lafond. M. Jean Lafond rend compte de la réparation des vitraux du XIIIe siècle provenant de la chapelle de cette commanderie, qui ont trouvé asile dans l'église d'Hautot-sur-Seine. Le travail a été mené à bien par le peintre verrier Alfred Ruedolf, sous la direction de M. Franchette, architecte des Monuments historiques. Le fragment de médaillon qui était naguère recouvert en grande partie par les autres morceaux représente la Communion des Apôtres, sujet très rare dans l'art occidental. M. Jean Lafond expose ensuite qu'il a été assez heureux pour reconnaître parmi les vitraux de l'abbaye de Saint-Denis un ensemble important provenant également de Sainte-Vaubourg : six Templiers donateurs identiques à celui d'Hautot-sur-Seine, six Vierges à l'Enfant, un Saint Jacques dans une niche pareille à celle qui encadre les sujets précédents, quatre médaillons légendaires, dont une superbe Adoration des Mages, plusieurs figures de Prophètes et d'Apôtres, de nombreux morceaux de bordure, des fermaillets du modèle d'Hautot et huit grisailles, dont deux, à feuillage de lierre et d'érable, sont identiques à l'un des fragments d'Hautot. A Hautot comme à Saint-Denis, le donateur et plusieurs autres personnages représentés les mains jointes, croisent les poignets - ce qui a fait croire à l'abbé Cochet que le templier d'Hautot avait les mains « liées avec des cordes ». Les draperies sont indiquées d'un pinceau très délié, non sans une certaine fantaisie. A noter l'emploi d'un vermillon très clair, verre doublé dont la couche rouge est réduite à l'épaisseur d'une mince pellicule. De telles ressemblances et la concordance des mesures ne laissent aucun doute sur l'origine des morceaux de Saint-Denis répartis entre les fenêtres de la crypte et la grande verrière du narthex. Une note de F. de Guilhermy indique d'ailleurs que ces morceaux « ont été achetés, dit-on, à Rouen ». De leur côté, A. Sarrazin et l'abbé Tougard rapportent que « les vitraux de Sainte-Vaubourg avaient été si bien cachés pendant la Révolution qu'il a été impossible de les découvrir ». Nous savons maintenant qu'ils avaient été portés à Saint-Denis, avec un certain nombre de vitraux rouennais et parisiens, pour réparer les ravages du vandalisme qui s'était acharné sur l'abbaye royale. M. Jean Lafond souligne que les panneaux de Sainte-Vaubourg, si heureusement retrouvés, constituent la seule vitrerie que nous ait laissé l'Ordre du Temple. Les inscriptions de Saint-Denis sont moins bien conservées que celle d'Hautot-sur-Seine. On y lit néanmoins le nom de « Pagart » et il sera certainement possible d'identifier plusieurs autres chevaliers du principal établissement des Templiers en Normandie.
En 1971 la Galerie Nationale du Canada à Ottawa sollicite le prêt pour une exposition du vitrail « Le Templier Jakes le Clavier ». Le Conseil municipal émet un avis défavorable. D’ailleurs les vitraux enlevés au cours de la guerre 1939-45 ne sont toujours pas remis en place. En 1972 la démarche reçoit l’appui du Conservateur des Monument historiques et des Beaux-Arts, le Conseil municipal maintient son refus.
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Bas-relief en bois peint, situé sur un côté de la Nef représentant la Vierge
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Bas-relief en bois peint, situé sur un côté de la Nef représentant Saint Sauveur
Les sculptures de Madame Fizeaux de la Martel
Devenue bien national en 1791, l’église acquise par la famille Véry de la Pierre, alors propriétaire du château. Monsieur Véry de la Pierre y fût enterré dans le choeur en 1821, et son épouse à côté de lui en 1851. Leur fille Constance épousa Louis Lézurier de la Martel ; c’est elle qui sculpta les deux statues qui ornent le fond de la nef, représentant leurs saints patrons, Saint Louis et Sainte Constance.
Les quatre chaises de la famille de Guy Bernard du Val marquis de Bonneval (1898-1987)
Le bénitier, au bas de la nef, est une copie d’un joli bénitier roman (don de Mr. Baussant).
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En bas de la nef, contre le mur nord, une maquette de bateau exécutée en 1898 par Moïse Obselin a été offerte le 24 mai 1917, en mémoire des enfants d'Hautot morts pour la Patrie.
Eglise Saint-Antonin-et-Saint-Thiébaud : l’adjonction de Saint-Thiébaud est incorrecte et fantaisiste