Le constitutionnel du 3 décembre 1853 rapporte qu’un jeune homme, né à Valenciennes, d’une ancienne famille, qui a quitté la ville depuis un certain nombre d’années, vient, dit l’Echo de la Frontière, de former une riche union à quelques milles lieurs d’ici. Nous apprenons que M. Sainte-Marie Fizeaux de la Martel, chancelier du consulat de France à Calcutta, s’est marié avec Mlle Izoline Courjon, fille de M. Courjon, grand propriétaire à Chandernagor. Le mariage a été célébré le 3 octobre 1853 ; la nouvelle en était connue en France le 15 novembre.
Etienne Sainte-Marie Fizeaux de la Martel est un des petits-fils de Louis Lézurier de la Martel ancien maire de Rouen et maire de Hautot-sur-Seine de 1821 à 1840.
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Chandernagor au milieu du XIXème siècle
Acte de naissance de Marie Azélia Isoline COURJON à Chandernagor le 19/01/1835 :
L’an mil huit cent trente cinq le dix neuvième jour du mois de janvier à six heures du matin par devant nous Bernard BOURRILHON, juge de paix, lieutenant de police, chargé de l’Etat Civil à Chandernagor, est comparu le Sieur (…) Marie Adrien BERMONT, docteur médecin chargé du service de santé de cette ville, âgé de trente neuf ans, demeurant rue de Paris, lequel nous a présenté un enfant de sexe féminin, née le dix sept du courant à huit heures et demie précise du soir, dans une maison sise bord du Gath, du légitime mariage du Sieur Pierre Charles Farge COURJON, propriétaire, absent, et de la Dame Marie Antoinette LECLEARCK (*), son épouse, et auquel enfant il a déclaré au nom de la dite dame, vouloir donner le prénom de Marie Azélia Isoline. Lesquelles déclaration et présentation faites en présence des Sieurs Philibert PERROT, greffier notaire au près le tribunal de première instance de cette ville, âgé de quarante un ans, demeurant rue de la Corderie et Jean Mortimer LECOLIER (*), commerçant, âgé de trente quatre ans, demeurant avec la dite dame sa sœur en la dite maison sise sur le Gath, oncle maternel de l’enfant et a le dit Sieur déclarant (qui a assisté à l’accouchement) signé avec nous le présent acte de naissance après qu’il lui en a été fait lecture, ainsi que les deux témoins.
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Marie Antoinette LECLEARCK née à l’île Bourbon est décédée à Paris le 18 juin Marie Antoinette LECLEARCK née à l’île Bourbon est décédée à Paris le 18 juin 1849 à l’âge de 43 ans, et inhumée dans l’ancienne église de Chandernagor. En 1884, son corps sera exhumé et transporté dans la galerie Sud de la nouvelle église du Sacré Cœur (Le Petit Bengali, 7 octobre 1884).
Mortimer LECOLIER né à l’Ile Bourbon (Réunion) est décédé à Chandernagor le 5 avril 1869 à 71 ans
Pierre Charles Farge COURJON né à l’Ile Bourbon est décédé à Calcutta le 6 septembre 1859 à 62 ans
Mortimer LECOLIER et son neveu Alfred COURJON ont financé l’hospice-hôpital de Chandernagor
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Acte de décès d’Etienne Sainte Marie FIZEAUX DE LA MARTEL au Val de la Haye le 13/11/1864 :
Du treizième jour du mois de novembre, l’an mil huit cent soixante quatre, à sept heures du soir, Acte de décès de Etienne Sainte Marie FIZEAUX DE LA MARTEL, chevalier de la Légion d’honneur, demeurant en cette commune, âgé de trente neuf ans, né au dit lieu, le dix août mil huit cent vingt cinq, et décédé ce jour à deux heures du matin, à son domicile, fils de feu André Charles FIZEAUX, et de feue Louise Lucienne LEZURIER DE LA MARTEL, et époux de Dame Marie Izoline COURJON, vivant de son revenu. Sur la déclaration à nous faite par les sieurs Iréné Onésime BARRE, instituteur, âgé de cinquante trois ans, Amand Xavier BERTHE, vivant de son revenu, âgé de quarante huit ans, tous deux voisins et demeurant en cette commune. Lesquels ont signé, après lecture faire le présent acte qui a été fait double en leur présence et constaté suivant la loi, par nous Maire de la commune sus dite remplissant les fonctions d’officier public de l’Etat Civil. Raoul FIZEAUX DE LA MARTEL.
CI GIT
Etienne Sainte-Marie FIZEAUX DE LA MARTEL
Chevalier de la Légion d’Honneur
Né à Sainte Vaubourg le 10 août 1825
Décédé à Sainte Vaubourg le 13 novembre 1864
Muni des sacrements de l’Eglise
Requiescat in Pace
Le frère de Marie Azélia Isoline, Eugène-Joseph COURJON (1843-1896), richissime créole de Chandernagor, est bombardé « Maharadjah et Prince de Chandernagor », le 25 septembre 1884, par un décret de Félix Faure, sous-secrétaire d’État aux colonies. Ce titre n‘est pas seulement honorifique, mais comporte aussi une liste civile et le droit de nommer, moyennant finances, des dignitaires, nababs et autres vizirs.
Dans le cadre de sa campagne contre Félix Faure, Le journaliste Octave Mirbeau (1848 -1917) dénonce cette aberration grotesque, qu’aucun service rendu ne pourrait justifier, dans quatre articles successifs du Gaulois : « S. A. le Maharajah Courjon, prince de Chandernagor » (12 janvier 1885), où il rend l’affaire publique; « Son Altesse Courjon » (15 janvier 1885), où il réaffirme la véracité de son récit ; « L’Altesse Courjon » (16 janvier 1885), où, en réponse à Félix Faure, visiblement gêné, il réaffirme que Courjon n’a rendu aucun type de service, hors d’avoir hébergé un ami du sous-ministre, qu’il s’agit là d’une première qui est une source de risée et que Félix Faure ferait mieux d’arrêter les frais en faisant annuler la nomination de Courjon ; et « Polka pour piano » (29 janvier 1885), où il ironise sur Le Figaro, payé pour louanger le talent de compositeur de Courjon.
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Extraits des articles de presse :
Qu'était-ce donc que ce M. Courjon ? Son père, un créole de Bourbon, avait débarqué un beau matin avec sa femme et ses deux fils à Chandernagor, où il ne connaissait personne. Il semblait ne posséder aucune fortune. Intelligent, insinuant, remuant, il se mit vite en relations avec les plus puissants rajahs de la contrée, et, quand il mourut, ses deux fils, dont l'un passait pour le meilleur et le plus intrépide chasseur de tigres de l'Inde, furent très étonnés de trouver une assez grosse fortune, sans qu’aucun n’eût pu savoir comment elle avait été gagnée.
M. Courjon a pris sa nouvelle élévation au sérieux. Il se fait donner de l'Altesse Royale par ses domestiques et les garçons de restaurant. On le rencontre, dans les rues, coiffé d'un turban jaune et brun, piqué d'épingles d'or, qui est l'insigne des maharajahs, vêtu d'une sorte de stambouli soutaché de soie noire, et portant sous son bras l'ombrelle blanche.
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Acte de décès de Marie Azélia Isoline COURJON à Paris XVIème le 18 janvier 1890 :
L’an mil huit cent quatre vingt dix, le dix neuf janvier, à une heure trois quart du soir, Acte de décès de Marie Azélia Izoline COURJON âgée de cinquante quatre ans, sans profession, née à Calcutta (Indes anglaises) décédée à paris, en son domicile, rue Bertin n°17, hier à quatre heures du soir, fille de père et mère dont les noms et prénoms ne nous sont pas connus, veuve de Etienne Sainte Marie FIZEAUX DE LA MARTEL Dressé par nous Victor Bidault, adjoint au Maire, Officier de l’Etat civil du seizième arrondissement de Paris sur la déclaration d’Edouard HENRY, âgé de trente sept ans, employé, demeurant à Paris, rue de la Pompe n°78, et de Georges SIMON âgé de trente cinq ans, employé demeurant à Neuilly (Seine) qui ont signé avec nous après lecture.
CI GIT
Madame Marie Azelia Isoline COURJON
Veuve de Etienne Sainte Marie
FIZEAUX DE LA MARTEL
Née à Chandernagor Indes Anglaises
Le 17 janvier 1835
Décédée à Paris le 18 janvier 1890
Muni des sacrements de l’Eglise
Requiescat in Pace
Avec l’aide d’Yves BERTRAND