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14 janvier 2021 4 14 /01 /janvier /2021 20:51

DESCRIPTION D’HAUTOT,

Maison de Plaisance proche de Rouen,

Appartenant à M. Le Couteulx des Aubris,

Négociant & Banquier à Rouen

 

Près des bords où la Seine, en son lit tortueux ;

Porte dans l’Océan, son cours majestueux :

Sur le penchant d’un Mont est un Coteau fertile ;

Une Enceinte, où les Dieux fixeraient leur asile.

Le soleil précédé de l’Aurore & du Jour ;

De ses premiers rayons éclaire ce séjour,

L’enflamme du plus haut de sa vaste carrière,

Et le regarde encore en quittant l’Hémisphère.

De son humide sein l’Onde élève des Vents,

Qui changent les Etés en d’éternels Printemps ;

Et l’ardeur du soleil & tempérée & pure,

De ces Climats épais ranimant la nature,

Du vignoble fleuri repousse les frimas,

Et germe dans le Nord des Vins doux & muscats.

 

De ce coteau fécond l’œil sur ces Près s’abaisse ;

Là, des Hameaux voisins folâtre la Jeunesse.

Bergères, gardez vous de ces sombres Bosquets,

On s’y sent attiré par des charmes secrets,

Le tendre Amour y règne, & caché pour séduire,

Jamais l’Amant en vain n’y plait & n’y soupire.

 

Que vois-je ? Des Vaisseaux poussés du sein des Mers,

Partis de tous les Ports de ce vaste Univers,

Pavillons déployés, s’étendent sur la Seine ;

Le flux les apporta, le reflux les ramène.

Au-delà, que d’objets par le hasard rangés !

Sur leur variété mes yeux sont partagés,

Des Clochers perçant l’air de leurs flèches altières ;

D’ambitieux Châteaux entourés de chaumières,

Des Terres, des Vergers, où des hommes heureux

Cultivent de leurs mains les champs de leurs aïeux

Recueillent à l’envie dans l’Eté, dans l’Automne,

Les Moissons de Cérès, & les fruits de Pomone ;

Des Spectacles divers, des lointains spacieux,

Des objets reculés qui s’échappent aux yeux,

Des Montagnes, des Bois qui vont se joindre aux nues,

De la Terre & des Cieux les bornes confondues,

 

Que ne puis-je tracer d’un élégant Pinceau,

Les Déesses, les Dieux de ce riant Coteau !

Ces Dames, d’agréments toujours environnées,

Qui semblent pour penser & pour plaire être nées ;

Ces hommes généreux, favoris de Plutus,

Et sous qui ce Dieu riche, est le Dieu des Vertus ;

Je finis par un trait cette faible Peinture,

Maison commode, où l’Art embellit le Nature,

HAUTOT, vous renfermez sous vos brillants lambris,

De beaux yeux, de bons cœurs, de sublimes esprits.

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