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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 17:00

L’Avenir Normand du 21 janvier 1949 : LES ENFANTS DES MARINIERS NE PEUVENT ALLER A L’ECOLE

Le Conseil Général doit remédier à ce scandale et ouvrir l’Ecole Départementale d’Hautot

Nous avons déjà à plusieurs reprises, dans ce journal, exposé la situation paradoxale de ces mariniers dont les enfants ne peuvent fréquenter l’école, du fait de la vie nomade de leurs parents. Depuis de longues années, les mariniers réclament donc avec insistance la possibilité, reconnue par nos lois laïques, de faire donner à leurs enfants l’instruction primaire élémentaire. C’est une tâche que le syndicat C.G.T. de la Marine fluviale de Rouen et son dévoué secrétaire Chavry n’ont jamais perdu de vue. Leurs efforts persévérants peuvent réussir à bref délai maintenant. Il dépend du Conseil Général, qui se réunit cette semaine, que le projet d’école départementale pour enfants de mariniers s’ouvre rapidement dans le château d’Hautot-sur Seine.

Une seule école mais elle est privée

Jusqu’à ces derniers temps, une seule école pour les enfants des mariniers existait à Conflans-Sainte-Honorine. Mais c’était un établissement privé ne pouvant abriter que 100 élèves, alors que 10 000 enfants de mariniers attendent l’ouverture d’autres internats-écoles dans les grands centres bateliers. N’y a-t’il pas là une magnifique œuvre laïque à accomplir ? C’est pourquoi nous devons nous féliciter que le 2 novembre 1948 grâce aux démarches du Syndicat du Nord de la Batellerie et à la compréhension du Conseil général du Nord, la première école-internat laïque ait été inaugurée à Lille-Esquermes, au 2 de la rue Saint-Bernard. Il est, en effet, inconcevable que des parents, de par leur rude profession, soient contraints de payer 5500 à 6000 fr. par mois dans un établissement privé pour que leurs enfants soient instruits !

Une Ecole Départementale peut s’ouvrir à Hautot

Le projet élaboré par une commission créée près de la préfecture sur l’initiative du Syndicat de la Batellerie permettrait pour la Seine-Inférieure de pallier à cette lacune regrettable. A Hautot-sur-Seine, le département possède un château (où l’école laïque du pays se tient d’ailleurs) qui ferait l’affaire. Il faut seulement 12 millions pour le remettre en état et 40 millions pour construire les nouveaux bâtiments indispensables à un internat capable d’héberger une centaine d’enfants.

Faites respecter la loi de Jean Zay

Mais ce problème du financement ne doit pas retenir le Conseil général et nous nous référerons pour cela à un décret pris en 1938 sur l’initiative de ce grand laïque que fur Jean Zay. Dans un décret paru le 17 juin 1938 au Journal Officiel, il est en effet déclaré ; « La subvention allouée par l’Etat aux collectivités publiques pour l’installation d’établissements d’enseignement du premier degré réservés aux enfants des mariniers (écoles et internats) est fixée à 90 % de la dépense arrêtée par le Comité central des constructions scolaires ». D’autre part, l’Office National de Navigation était chargé par ce même décret de percevoir une taxe minime (6 fr. par zone de 100 km sur les transports fluviaux) afin d’assurer la gestion de ces écoles. Mais c’est là combien nous voyons la malfaisance de l’esprit anti-laïque. Depuis Vichy et le règne de Pétain, cette taxe qui aurait servi l’école laïque n’est plus perçue par l’O.N.M. L’O.N.M. connaît-il ou ne connaît-il plus la loi ?

La laïcité doit triompher

Au moment où le Conseil général de la Loire-Inférieure vient de voter une subvention de 400 000 fr. aux Facultés catholiques d’Angers, au moment où l’on sait avec quelle parcimonie le gouvernement distribue les crédites aux établissements d’enseignement laïque, il doit se trouver au Conseil général de la Seine-Inférieure, une majorité républicaine pour faire triompher la laïcité. Bientôt, il faut que les mariniers en passant auprès d’Hautot puissent dire avec fierté en regardant le château : « Enfin ! nos gosses ont une école ! ».

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