Paris Normandie du 21 février 2016 : Un navire long de 289 m fait pour la première fois demi-tour sur la zone d’évitage d’Hautot-sur-Seine
Un grand vraquier a, pour la première fois, effectué son demi-tour sur la zone d’Hautot. Une manœuvre aussi spectaculaire que technique : Pendant deux minutes, tel un large barrage en travers du fleuve, le Fernandina forme un pont flottant perpendiculaire à Hautot et Grand-Couronne. Le vraquier long de 289 m pour 45 m de large, vient de baptiser la zone d’évitage d’Hautot-sur-Seine dans un long et majestueux demi-tour pour remettre sa proue en direction de l’estuaire, après s’être allégé de 76 000 tonnes de charbon au préalable chez Sea invest. Pour permettre cette première il aura fallu, depuis 2014, l’élargissement de la zone d’évitage d’Hautot en rognant 90 m sur la berge rive droite et quelque 800 000 m3 de gravats. Aujourd’hui avec ses 520 m de long et 390 m de large, le lit du fleuve est à son aise pour laisser valser des navires de près de 300 m (contre 225 m auparavant). Pour les bateaux, c’est un précieux gain de temps et de sécurité, puisqu’ils occultent la montée jusqu’à Croisset et évitent ainsi le trafic maritime dense autour des silos.
Plusieurs mois de travail pour une synchro parfaite : Depuis plusieurs mois les forces vives du Port de Rouen sont mobilisées, travaillant de concert pour réussir la synchronisation du ballet maritime : la capitainerie surveillant les courants et les conditions de navigation pour les communiquer au pilote ; le lamanage transmettant l’élingue du navire aux remorqueurs qui font virer de bord le mastodonte. Le responsable des pilotes revient sur la préparation : « Le plan d’eau a été numérisé et nos équipes se sont entraînées sur simulateur au Havre. Aujourd’hui, trois pilotes sont à bord du bateau pour faire manœuvrer les trois remorqueurs les plus puissants de notre flotte. Les difficultés à cette heure sont le vent poussant un navire vide et le débit important du fleuve dû aux fortes pluies. » Après s’être paresseusement glissé jusqu’à sa zone de rotation, le Fernandina pivote gracieusement en 10 minutes pour repartir vers l’estuaire puis la haute mer. Le Port quant à lui a brillamment réussi sa démonstration, espérant gagner en attractivité, donc en compétitivité afin de rentabiliser les 180 millions d’euros investis dans l’aménagement des 120 km du chenal entre Honfleur et Rouen.
Courrier Cauchois du 17/10/2014 : Agrandissement du cercle d'évitage d'Hautot-sur-Seine
Pour des bateaux de 290 m : Depuis 2012, le port de Rouen s'est lancé dans l'approfondissement de son chenal. L'agrandissement du cercle d'évitage d'Hautot-sur-Seine, qui permet à des bateaux de 290 m de faire demi-tour sur le fleuve, fait partie de ce vaste programme, indispensable à la survie du premier port céréalier français. Le port de Rouen est conscient de l'importance de cet aménagement. Il a organisé, lundi après-midi, une présentation de l'agrandissement du cercle d'évitage d'Hautot-sur-Seine. Ce chantier, qui a débuté en janvier 2014, est une des étapes de l'approfondissement du chenal de la Seine. « Ce programme a débuté en 2012 et se terminera en 2018 », a rappelé Pascal Gabet. Le chef de projet a expliqué que « le port de Rouen souhaite gagner un mètre de tirant d'eau ». Il s'agit de faire venir des navires plus grands et plus chargés. Les points à araser sur les 120 km de chenal ont été repérés afin de passer de 10,30 à 11,30 m à la descente et de 10,70 à 11,70 à la montée. L'investissement total s'élève à 180 millions d'euros avec la participation de financeurs institutionnels : Etat, Région, CREA (communauté Rouen Elbeuf Austreberthe), Union Européenne.
Roches cassées à Courval : Les premières interventions ont été réalisées sur la partie aval, entre Honfleur et Port-Jérôme. Un chantier vient de se terminer à Courval, en face de Petiville. De gros blocs de roche ont été cassés pour approfondir le fleuve à cet endroit. Du côté d'Hautot-sur-Seine, les travaux du cercle d'évitage se poursuivent. « Il s'agit de permettre aux bateaux de faire demi-tour. L'idée, c'est d'agrandir le rayon de giration, de l'adapter aux embarcations de 290 m de long, qu'elles puissent tourner en toute sécurité. ». Pourquoi 290 m ? Parce qu'au-delà de cette taille, les navires peinent à passer les boucles de Seine. « Pour celle de Jumièges, il faudrait des bateaux à soufflet central comme les bus mais ce n'est pas envisagé », imageait Pascal Erny, président du pilotage de Seine, dans une conversation.
La berge avant le dragage : Les aménagements de la berge ont débuté en janvier. Ils doivent s'achever pour la fin de l'année. Ce marché de 10 millions d'euros a été confié à l'entreprise Solétanche-Bachy qui a réalisé le quai de Moulineaux, juste en face il y a une trentaine d'années. Son directeur régional Bertrand Barrois a décrit les interventions. Ces dernières visent à créer une nouvelle berge talutée avant le dragage des bords actuels qui doit débuter en novembre et durer dix mois. Sur place, on devine déjà la forme du futur quai. « On travaille sur un sol mou, marécageux », constate le responsable de la société intervenante. « Nous effectuons un gros travail d'insertion dans le paysage. Nous assurerons la continuité de la piste cyclable de la boucle de Roumare. Nous réaliserons un traitement paysager végétalisé avec continuité verte, utilisation d'essences locales. Nous construirons un belvédère pour que les gens puissent assister à l'évitage », concluait Pascal Gabet. Ce chantier devrait être terminé en septembre 2015. Ghislain ANNETTA